L’hypnose et l’approche systémique sont, notamment, toutes deux nées du travail de Milton H. Erickson, psychiatre américain (1901-1980) qui a bouleversé le monde de la psychothérapie et de l’hypnose par son approche à la fois humaine et créative.
Pendant près d’un demi-siècle, il a travaillé avec des milliers de patients et a grandement contribué à la naissance des thérapies brèves et des thérapies familiales, dites systémiques. Il a donné ses lettres de noblesse à une hypnose non directive, respectueuse des valeurs et des croyances de chacun, l’hypnose éricksonienne.
Ces deux approches sont complémentaires. Bienveillantes, elles permettent de mettre en valeur et d’aider chaque personne à développer ses propres ressources, ses compétences, ses qualités.
La notion d' »hypno-systémique » réunit les conceptions de l’intervention systémie et celle de l’hypnose éricksonienne. L’idée de base consiste à rappeler que les pensées, les émotions et les comportements de l’être humain s’opèrent toujours en rapport avec d’autres, dans leur contexte écologique.
La pensée systémique, comme celle de l’hypnose, partage une vision identique sur la manière dont les changements interviennent. Toute transformation au niveau individuel, qu’elle soit intentionnelle ou non, a des répercussions sur le système social (couple, famille, entreprise…).
Ceci est vrai tant à propos des changements concernant les symptômes que pour l’apport, le développement de nouvelles ressources. Lorsqu’elle a un problème, la personne se sent affaiblie, diminuée, se dévalorise… Elle ne correspond alors plus aux désirs de son entourage. Pourtant, le « problème » peut être une preuve de loyauté au système auquel elle appartient. Les problèmes sont alors des tentatives de solutions.
L’hypnose éricksonienne rappelle qu’« à chaque instant, une personne fait le meilleur choix qui est à sa disposition ».
Qu’est-ce que l’État d’hypnose ?
L’état hypnotique est un état de conscience modifié, naturel que nous connaissons quotidiennement, plusieurs fois par jour, et très souvent dans nos activités routinières. C’est une expérience personnelle, différente pour chacun. C’est un état actif, d’hyper vigilance, qui permet l’apprentissage et facilite le changement.
Dans le quotidien, notre conscience s’écarte pour laisser place à quelque chose de différent, l’inconscient. C’est ce même état naturel positif que nous utilisons en hypnose éricksonienne. L’inconscient est alors privilégié par rapport au conscient.
Voici quelques exemples tirés du quotidien de la plupart d’entre nous :
Dans les transports, votre esprit peut partir dans une rêverie, un souvenir, ou dans ce que vous allez faire de votre journée ou de votre soirée, ailleurs qu’ici et maintenant dans le tramway ou le busway… Vous vous détachez d’une certaine façon de la foule, des retards, du bruit, de l’affluence, puis, comme par magie, vous reprenez conscience de ce qui vous entoure, juste avant de descendre à votre arrêt.
En conduisant votre voiture, pour aller au travail ou en empruntant un chemin que vous connaissez bien, parfois on se demande ce qui s’est passé pendant quelques kilomètres. C’est comme si votre cerveau se mettait en mode automatique pour suivre la route, respecter les priorités, les feux, les limitations de vitesse, tout en ayant l’esprit transporté dans vos pensées.
En lisant un bon roman, en regardant un bon film, ou en écoutant une musique que vous aimez, vous êtes littéralement absorbé par l’histoire, les images, les sons. Vous êtes alors toujours consciemment présent à ce qui vous entoure et parallèlement vous êtes plongé dans l’histoire, les images, la musique, les émotions. Parfois la notion du temps disparaît, et lorsque le livre est fini ou le film on se demande pourquoi de récit ou le film était si court, alors qu’il s’est parfois passé plusieurs heures.
Ces expériences du quotidien, ces moments propices à l’imagination, à la créativité nous relient à un processus hypnotique.
Lors d’une séance d’hypnose, vous accédez à
vos ressources inconscientes
afin d’atteindre
votre objectif de changement.
L’inconscient, un allié
Notre inconscient nous veut du bien. C’est celui qui nous maintient en vie en assurant, « en automatique », nos fonctions vitales : C’est ce qui permet au corps de cicatriser une plaie, maintient notre température corporelle, assure la digestion, active nos défenses immunitaires, sans que l’on ait appris à le faire et sans avoir à y penser.
Notre inconscient est un état d’apprentissage permanent. En effet, il traite et stocke la multitude d’informations que nous recevons, de façon à pouvoir les réutiliser quand nous en avons besoin, comme la mémoire des prénoms, des visages, des parfums que nous connaissons. Il nous permet de garder les apprentissages comme la marche, le vélo, la conduite d’une voiture, mais aussi la lecture, l’écriture… et de faire qu’ils deviennent automatiques.
L’hypnose et le changement
L’hypnose thérapeutique est une discipline qui permet d’accéder au réservoir de ressources inconscientes de chaque personne. Ainsi, grâce aux nombreux outils à disposition du praticien, ce dernier devient un accompagnateur dans le processus du changement et de l’apprentissage souhaité par la personne qui le consulte.
Définition de l’hypnose Ericksonienne
L’hypnose éricksonienne est l’une des branches les plus influentes et répandues de l’hypnose thérapeutique. Elle est particulièrement respectueuse de la personne car le langage utilisé par le praticien est permissif. Le praticien est à l’écoute, il adapte son style d’élocution et d’approche à la personne qu’il reçoit. Il s’appuie sur des métaphores, des anecdotes et des suggestions indirectes afin de faire lever des résistances au changement et laisser la personne accéder à ses propres ressources pour implanter les changements qu’elle souhaite.
Quelques éléments d’histoire
Le Docteur Milton Hyland Erickson (1901-1980) est considéré comme le père de l’hypnothérapie moderne.
Son influence dans le monde de l’hypnose est significative. Aujourd’hui la grande majorité des praticiens en hypnose utilise sous une forme ou une autre l’approche éricksonienne.
Milton Hyland Erickson est né en 1901 dans le Nevada aux Etats-Unis, au sein d’une communauté de mineurs. Quatre ans plus tard, ses parents s’installent dans une ferme du Wisconsin.
L’école révèle qu’il souffre de handicaps légers : daltonisme, dyslexie et absence de perception des rythmes. Malgré ces dysfonctionnements, Milton Erickson va développer d’autres aptitudes, fort nombreuses, dont une remarquable acuité auditive et un sens aigu de l’observation.
A l’âge de 17 ans, il est atteint d’une poliomyélite qui le laisse paralysé après un profond coma. Il affirmera que cette maladie fut son meilleur professeur. En effet, un jour, il s’aperçoit qu’en stimulant ses membres mentalement, son fauteuil roulant se met à bouger légèrement. A partir de là, il ne cessera de s’entraîner, persuadé qu’il pourra surmonter sa paralysie. Grâce à une volonté sans faille, il va, des mois durant, réapprendre à coordonner sa motricité. Au cours de son entrainement, il observera les mouvements de sa jeune sœur qui apprend, à côté de lui, à faire ses premiers pas, ce qui lui permet de se remémorer les mécanismes d’apprentissage. Il découvre également de façon empirique qu’une pensée peut enclencher une réponse corporelle. Milton Erickson utilise, sans le savoir, l’auto-hypnose et découvre que « c’est hors du champs de notre conscience que sont situées toutes nos ressources ».
A la fin de sa première année de médecine, il décide de traverser les Etats-Unis en canoë pour mettre à l’épreuve ses capacités physiques retrouvées.
Devenu psychiatre, il bouleverse le monde de la psychothérapie et de l’hypnose par son approche à la fois humaine et créative.
Pendant près d’un demi-siècle, il a travaillé avec des milliers de patients et a grandement contribué à la naissance des thérapies brèves et des thérapies familiales, dites systémiques. Il a donné ses lettres de noblesse à une hypnose non directive, respectueuse des valeurs et des croyances de chacun, l’« hypnose éricksonienne« .
En 1948, il est alors Directeur Clinique de « l’Arizona State Hospital », mais sa santé décline. A 51 ans, il subit une nouvelle attaque de poliomyélite. Malgré ce nouvel accident, il continue son enseignement et ses travaux sur l’hypnose.
Milton H. Erickson finit sa vie entouré d’amis et de collaborateurs, reçoit de nombreuses visites de patients ou de confrères qui viennent parfois de très loin dans le monde pour le rencontrer, mais il est toujours resté simple. Il consulte dans un petit cabinet, sans aucun luxe, un vieux bureau avec quelques chaises inconfortables …ce qui surprend toujours les visiteurs qui connaissent sa renommée internationale. Il les invite à se méfier des idées préconçues qui inhibent toute réflexion.
Il décède le 27 mars 1980.
L’approche Ericksonienne
L’hypnose éricksonienne fait partie des thérapies dites brèves, car le nombre de séances pour traiter un symptôme ou un problème est particulièrement réduit.
Particulièrement respectueuse de la personne, l’hypnose éricksonienne amène la personne à sa propre réalité intérieure, parce que chaque individu est considéré comme un être unique dans tout ce qu’il vit. Le thérapeute capte de l’information afin d’être au plus près de la réalité de la personne, de ce qu’elle vit et comment elle le vit. Ainsi le thérapeute est considéré comme un accompagnateur dans le changement et le client est celui qui a intrinsèquement les ressources et les solutions recherchées.
Quelques présupposés de base :
– La transe est un phénomène naturel ;
– La communication existe à deux niveaux : au niveau conscient et au niveau inconscient ;
– L’inconscient est un réservoir de ressources ;
– Chaque personne possède toutes les ressources nécessaire pour effectuer les changements qu’elle désire et résoudre un problème ;
– C’est ce que le patient fait pour lui-même qui est à l’origine de ses propres changements et non l’intervention du thérapeute ;
– A chaque instant une personne fait le meilleur choix qui est à sa disposition.